Le célèbre tableau de Vincent Van Gogh “Les Tournesols” a fait l’objet le 14 octobre 2022 d’une tentative d’acte de vandalisme, à la London’s National Gallery, alors que deux activistes l’ont aspergé du contenu de boîtes de soupe, face caméra. Protégée par une plaque de verre, la toile n’a pas été touchée, et seul le cadre de l’oeuvre a été légèrement endommagé. Ce geste spectaculaire, relayé immédiatement sur les reseaux sociaux est-il révélateur de menaces accrues sur les oeuvres d’art, ou s’agit-il d’une initiative isolée ?
Peut-on quantifier le nombre de dégradations subies par des oeuvres d’art exposés au public ?
Les actes de vandalisme ne sont inhabituels dans les musées, mais ils demeurent rarement médiatisés. En effet il s’agit souvent de dégradations minimes, réalisées discrètement par un individu profitant de l’absence du gardien pour commettre son méfait. Laisser SA trace sur une œuvre constitue un acte parfois non prémédité. Le dommage peut être découvert, parfois, plusieurs jours après.
Les Musées nationaux étant le plus souvent leurs propres assureurs pour leurs collections, ces méfaits ne font l’objet d’aucune déclaration, et aucune plainte ne pouvant identifier le vandale n’est également déposée. Obtenir des données chiffrées demeure donc difficile.
Pourquoi observe-t-on une augmentation d’actes de vandalisme qui touchent les institutions muséales ?
Le développement des réseaux sociaux permet aujourd’hui de diffuser en direct les actes de vandalisme comme l’attaque des Tournesols, ou en mai celle sur la Joconde, et de faire passer messages et revendications. Nous faisons ainsi face à des actes de tentatives de dégradations volontaires à caractère médiatique.
Les œuvres d’art sont visées pour le symbole qu’elles représentent, et dans le cas des « Tournesols », pour sa valeur inestimable. Malheureusement, je suis convaincu que nous ne sommes qu’au début de ces vandalismes.
Comment ces tableaux sont-ils protégés ?
Concernant le tableau de Van Gogh, comme pour la Joconde, il faut espérer que les activistes avaient choisi ces œuvres emblématiques en sachant qu’elles étaient protégées par des vitres. La Joconde n’a subi aucun dommage. Concernant la toile de Van Gogh, seul le cadre aura un dommage aisément restaurable.
Si cette œuvre n’avait pas été protégée par une vitre, le vernis de protection, à condition qu’elle en ait été recouverte, aurait limité grandement les dommages avec une intervention rapide d’un restaurateur. La couche picturale n’aurait pas été atteinte.
Ce n’était par exemple pas le cas de la toile blanche du peintre américain Cy Twomby dégradée par un baiser au rouge à lèvre en juillet 2007 à Avignon. La restauration a presque été impossible malgré un engagement financier de plus de 33 000 €. L’auteure des faits, une jeune Cambodgienne, avait été condamnée à une amende destinée à la restauration de la toile.
Les lacérations sont plus difficiles à reprendre ; la restauration de la « la Ronde de nuit » de Rembrandt en 1975 a été longue, et le tableau a de nouveau été attaqué à l’acide en 1990. Les dommages vont ainsi dépendre aussi de la toxicité des substances projetées pour la couche picturale.
Quelles sont les conséquences de ces attaques sur la valeur de ces œuvres emblématiques ?
Les pertes éventuelles de valeur que peuvent entrainer ces dégradations sont liées à la possibilité ou non de restaurer, mais aussi de l’état de l’œuvre avant le sinistre et des restaurations déjà réalisées antérieurement : il faut évaluer dans quelles propensions et avec quelles techniques le tableau a déjà été retouché. A tout cela s’ajoute la notoriété de l’artiste bien sûr.
Si de nombreux actes de malveillance sont liés à des petits vandales sans but précis, ou à des activistes recherchant la médiatisation, une dernière catégorie est à prendre en compte : les artistes entre eux… Ainsi au Art Basel de Miami en décembre 2019, la « Banane » de Maurizio Cattelan, un simple fruit scotché à un mur, a été mangée sous les yeux du public par l’artiste David Datuna. Cette œuvre venait d’être vendue pour 120 000 $. Faut-il qualifier cette mise en scène de vandalisme ou de « performance artistique » ? Un nouveau fruit a été de nouveau scotché à la toile, laissant entendre que le méfait restait sans conséquence.
Soulignons enfin que sur un registre artistique, le sujet n’est pas nouveau, puisque Pierre Bonnard (1867-1947) s’est fait surprendre par le gardien du Musée du Luxembourg alors qu’il peignait sur un tableau exposé… le sien ! Il souhaitait retoucher subrepticement certains détails de son œuvre de jeunesse.
L'attaque des « Tournesols » constitue un rappel des menaces accrues qui pèsent sur les œuvres d'art. Sedgwick est bien placé pour vous aider à réduire les risques, à restaurer les œuvres d'art, à fournir une évaluation financière des objets et une estimation des coûts des sinistres. Pour plus d'informations, vous pouvez vous référer à notre brochure sur les objets d'art.