Les modèles de supply chain ont initialement été conçus avec des modèles de prévisions devenus obsolètes depuis la COVID. De nombreux changements sont intervenus au cours de la pandémie qui ont impacté les certitudes acquises autour de la consommation et de la vente. On constate un sentiment de fragilité induit par la mondialisation et l'interdépendance de l'ensemble de la chaîne de production. La question qui se pose alors est la suivante : peut-on en limiter les effets ?
L’importance des risques liés à la supply chain
La chaîne d'approvisionnement englobe tout ce qui permet aux entreprises de livrer leurs produits et services aux clients, de la logistique et des méthodes de transport aux fournitures et aux fournisseurs, avec des critères de quantité, de qualité, de délais et de coûts. Elle comprend tous les flux physiques, informationnels et financiers qui contribuent au bon déroulement du processus. En tant que principal centre de coûts de l'entreprise, la complexité croissante de la supply chain en fait à la fois un facteur de performance et l'un des plus grands risques. Les risques d'une entreprise peuvent se catégoriser en trois grandes familles : les risques propres à soi et à sa stratégie, ceux liés à ses biens et enfin les risques systémiques. Parmi ceux-ci, on trouve les catastrophes naturelles, les défis géopolitiques et les risques de supply chain.
Autrefois considérées comme "stables", certaines supply chains ont radicalement changé depuis la pandémie. Les risques sanitaires ne sont pas complètement éliminés, la situation géopolitique s'est enflammée, l'inflation a créé des perturbations, et la liste est longue. En France, le risque capacitaire, c’est à dire la possibilité ou non de livrer ses clients en raison d’éléments manquants, est considéré comme une préoccupation majeure. Viennent ensuite les cyber-risques, les problèmes de planification et la situation géopolitique, qui pèsent sur le monde industriel.
Nous avions déjà eu quelques signaux d'alerte ponctuels, notamment Fukushima pour les semi-conducteurs et l'incendie chez un fournisseur de revêtements intérieurs pour l'industrie automobile, qui entraîna l'arrêt de la production des véhicules de la majorité des constructeurs européens. Idéalement, l'organisation de la chaîne d'approvisionnement devrait évoluer pour disposer d'une certaine souplesse dans la conception des procédures afin de pouvoir, le cas échéant, contourner une étape si des problèmes surviennent, tout en continuant à avancer.
Gagner en maitrise par le partenariat
Mieux maîtriser ses risques de supply chain passe d’abord par une meilleure connaissance de l’endroit où est fabriqué chaque élément, et donc la géolocalisation des fournisseurs. Cela implique aussi de les interroger sur leurs propres mesures de prévention des risques.
Travailler main dans la main avec ses fournisseurs renforce la confiance et encourage la coopération. Mais s’il est possible de demander les garanties RC à ses fournisseurs pour sécuriser la chaîne d’approvisionnement, en raison du lien contractuel, cela devient impossible pour les fournisseurs des fournisseurs.
Des avancées sont néanmoins possibles avec les fournisseurs de rang 2, comme le démontre le secteur de l'aéronautique, en pointe sur les questions de traçabilité. Même s'il s'agit d'un recueil déclaratif, cette démarche favorise le dialogue avec l'assureur.
Le rôle des assureurs
Les polices d'assurance et les assureurs répondent en partie à ces nouveaux défis. Ils n'offrent toutefois pas une solution complète, car la couverture n'est pas toujours adéquate. De nombreux risques liés à la supply chain ne sont pas assurables. Les compagnies d'assurance ne peuvent offrir que des garanties de carences à leurs clients, qui s'appliquent exclusivement aux fournisseurs de premier rang, par exemple.
Les exigences des assureurs en matière de prévention sont de plus en plus élevées et les entreprises doivent faire preuve de transparence pour conserver leur confiance. Si le risk manager peut à juste titre s'interroger sur la complexité de la gestion d'une masse considérable d'informations, la solution viendra probablement de la technologie.
Grâce à l'intelligence artificielle (IA), actuellement en phase de test, on peut espérer analyser ces multiples et longs rapports de manière automatisée pour en faire ressortir les éléments critiques. Cela permettra également de prendre des décisions plus rapides et donc d'améliorer la réactivité et la flexibilité.
Nouveaux paradigmes
Cette évolution généralisée vers une flexibilité accrue renforce la fonction de risk managers. Nous passons d'un référentiel d'achat au meilleur prix à celui d'une planification qui anticipe les risques de rupture et de pénurie. Cette complexité fait partie intégrante de la gestion des risques. Ainsi, les risques liés à la supply chain devraient progressivement être pris en compte par la direction générale, le service achats, la direction financière, etc. avec l’aide des risk managers.
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