Alors que la réglementation sur le changement climatique demeure un sujet largement débattu au plan international, les entreprises et organisations se voient attribuer un poids croissant dans la prise d’initiatives pour réduire leur empreinte carbone, et infléchir la trajectoire en matière de risques à venir. Nous avons récemment organisé une réunion du Club Risk Management avec des partenaires en France, rassemblant des experts pour discuter des défis et des opportunités actuels et futurs, et le changement climatique était à l'ordre du jour. Les risk managers, en France et ailleurs, placent le changement climatique parmi les plus importants pour la prochaine décennie. Comprendre les enjeux, surveiller les tendances en cours et garder un œil sur les défis à venir ouvrira la voie à la mise en place de solutions potentielles.
Quel constat pour 2021 ?
Les catastrophes naturelles de l’année dernière ont attiré l’attention des risk managers partout dans le monde. Les chiffres sont impressionnants, faisant de 2021 l’une des années les plus coûteuses dans l’histoire des catastrophes naturelles. Plus de 300 évènements catastrophiques ont été recensés pour un coût de 111 Milliards de dollars, notamment des inondations en Chine, en Colombie Britannique et en Australie, des cyclones : Yaas au Bangladesh, Tauktae en Inde, et le typhon In-Fa aux Philippines.
A elles seules les trois CATNAT les plus importantes ont généré des dommages estimés à plus de 50 Milliards de dollars : l’ouragan IDA la tempête hivernale Uri et les inondations en Europe.
Quelles sont les tendances actuelles ?
Aujourd’hui, le changement climatique, et plus spécifiquement l’impact des évènements climatiques extrêmes, est considéré comme réel et indéniable. En 2021, la concentration en dioxyde de carbone dans l’atmosphère a atteint un niveau jamais atteint : 414,72 particules par million. Une augmentation de la concentration en dioxyde de carbone induit des températures en hausse, et celles-ci mènent à des catastrophes naturelles à la fois plus fréquentes et plus intenses. Sur la base de cette trajectoire, l’économie mondiale pourrait connaître une contraction de 10% d’ici 2050. A l’avenir, aucun pays, aucune zone géographique ne sera épargnée : l’Asie du Sud-Est et l’Amérique Latine sont plus exposées aux risques de sécheresse. L’Europe du Nord et de l’Est devraient connaître des épisodes inédits de précipitations et d’inondations.
Quels sont les challenges à relever par les entreprises ?
Par conséquent, les entreprises doivent adopter les principes de gestion des risques liés au climat, et plus largement les stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), et les prendre en compte dans leur stratégie, sous peine de devoir faire face à des conséquences potentiellement extrêmes, telles que la mise en cause de leur responsabilité, un risque d’image, de possibles pertes de clientèle, d'actifs physiques et d'interruption de leurs activités.
Les entreprises et les organisations individuelles seront confrontées à des défis permanents liés au risque climatique. Il peut s'agir de :
- Risques physiques, ayant un impact sur les dommages aux biens, la perturbation des approvisionnements, la perte de productivité ou de revenus,
- Risques liés à la transition vers une économie à faible émission de carbone,
- Risques liés à la continuité des activités, y compris l'interruption des activités et les risques au sein de la chaîne d'approvisionnement, qui pourraient devenir plus répandus et plus importants,
- Risques de marque et de réputation liés à l'opinion publique et à la perception de la conformité ESG par les investisseurs,
- Risques liés à l'augmentation des flux migratoires et à l'instabilité sociale et politique,
- Risques de responsabilité, y compris les litiges, les jugements en matière de nucléaire, les atteintes à la réputation liées aux politiques d'entreprise, etc.
Comment les risk managers peuvent-ils s’adapter ?
Les discussions au sein des organisations et les plans d'action des entreprises pour faire face au changement climatique évoluent. Pour de nombreuses entreprises, les principes ESG sont devenus une extension de leur culture et de leur système de valeurs ; les actionnaires, les clients, les investisseurs et maintenant les régulateurs les poussent au changement. La sécurité de leurs marques l'exige, et les risques liés à l'absence d'adaptation et d'adoption sont tout simplement trop élevés. Mais du point de vue spécifique du risk management, toutes les entreprises ne sont pas entièrement préparées et équipées pour faire face aux risques liés au climat. Où des améliorations peuvent-elles être apportées ?
En matière de couverture
Les risk managers peuvent revoir leur rôle dans le processus de gestion des risques de l'entreprise. Les temps ont changé. Accentuez vos efforts d’évaluation de l'appétit/tolérance au risque de votre entreprise,
- Pensez au-delà de l'assurance. Le transfert du risque au marché ne devrait faire partie de votre stratégie que lorsque cela est nécessaire ou lorsque c'est l'option la plus efficace. L'assurance peut ou non être disponible, et certainement à un coût plus élevé,
- Réfléchissez aux zones viables pour l'auto-assurance, aux risques que vous pouvez/devriez conserver et à ceux que vous devriez couvrir,
- Appuyez-vous sur votre cartographie des risques et surveillez les faiblesses qui apparaissent en appliquant les impacts potentiels du changement climatique,
- Proposez des alternatives au-delà des réponses traditionnelles, comme un réseau de captives, réfléchissez au recours à l'assurance paramétrique et/ou aux catbonds comme stratégies alternatives de transfert de risque, et vérifiez vos options dès à présent, sans attendre de vous trouver dans une situation difficile,
- Sortez du cycle annuel de renouvellement des assurances. Pensez plutôt à la stratégie en termes de direction que vous souhaitez donner à votre programme au cours des trois à cinq prochaines années.
En matière de données et analyses
- Prédire les conséquences de différents types d'événements climatiques, à condition que ces prédictions soient basées sur des modèles robustes, aidera les risk managers à se préparer pour l'avenir,
- Ne vous contentez pas de compter sur vos assureurs et courtiers pour effectuer le travail actuariel, l'analyse des pertes et les projections de pertes. Développez votre propre compréhension des analyses et soyez capable de les appliquer à vos stratégies.
En matière de mitigation des risques
- Concentrez les efforts de votre organisation sur les possibilités de mitigation des risques et soyez ouvert à examiner des options de programme,
- Comme le coût et la disponibilité de la couverture d'assurance fluctuent, votre analyse du retour sur investissement potentiel de la prévention (coût de l’installation de caméras dans les locaux et sur les véhicules, de la télématique et des protections contre les intempéries) peut également changer.
En somme, le risk manager est en passe de devenir plus influent que jamais, pour autant que les organisations soient prêtes à l'écouter. Les défis du changement climatique ne sont pas près de disparaître. Il est temps d'intensifier les efforts. Informez vos dirigeants. N'ayez pas peur d'explorer les possibilités offertes par un partenariat pour mettre en œuvre des programmes éprouvés, plutôt que d'essayer de les construire vous-même. Élaborez des plans stratégiques autour de la couverture, des données et de la mitigation des risques. Protégez vos organisations contre les risques physiques, les risques de rupture des activités, les risques de responsabilité, les risques de réputation de la marque ou encore les risques liés à la conformité.
Nous nous engageons à relever ces défis avec volontarisme. Restez à l'écoute pour de nouveaux articles de blog sur des sujets connexes.
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Sources